valeriegolote
Nombre de messages : 255 Age : 44 Localisation : la belle endormie Date d'inscription : 19/11/2006
| Sujet: Article dans la Gazette Santé Social Lun 9 Avr - 14:32 | |
| http://www.lagazette-sante-social.com/archives/fiche_article.asp?piIdArt=43644&piPosition=76&piTotal=78Les nouveaux défis des ludothèquesMalgré des inquiétudes sur leurs financements, les 1 150 ludothèques françaises, associatives ou municipales, se professionnalisent et tentent de diversifier leurs activités.
La première ludothèque française a été créée en 1967 à Dijon par l'Association culturelle bourguignonne. Très vite, ayant prouvé leur légitimité éducative et sociale, les pionnières ont essaimé. Elles sont aujourd'hui 1 150 (1) à proposer quatre types de services : le jeu sur place, libre ou animé, le prêt des jeux et jouets, l'organisation de manifestations et d'animations thématiques et, enfin, le conseil et l'information sur les jeux. Leurs objectifs sont de faciliter la socialisation du jeune enfant, de favoriser les rencontres et les échanges culturels, de prévenir l'échec scolaire. Beaucoup ont trouvé un terrain d'élection dans les quartiers sensibles, devenant un véritable équipement de proximité. L'une des plus importantes est la ludothèque intercommunale d'Istres, dans les Bouches-du-Rhône. « Nous sommes nés en 1983 d'une volonté municipale très affirmée qui, par chance, ne s'est jamais démentie », explique sa directrice, Brigitte Martinez. Avec treize agents territoriaux des filières animation, technique et administrative, cet équipement a pour originalité de fonctionner en réseau dans quatre lieux. A savoir une salle de jeu sur place et une autre de prêt sur le vaste site du centre éducatif et culturel des Heures claires. Le public y est plutôt de passage, qui vient une heure entre deux activités. Deux autres salles de jeu sont situées dans les quartiers excentrés du Prépaou et d'Entressen, et sont fréquentées par un public d'habitués. Là où la ludothèque type emploie deux à quatre personnes à temps partiel, dispose de 1 000 jeux et jouets, et compte 180 à 400 adhérents (1), celle d'Istres propose 9 000 jeux aux 2 000 familles adhérentes au prêt et aux 1 500 qui ont opté pour le jeu sur place. Car cette ludothèque a su négocier le virage de l'intercommunalité en élargissant son champ d'intervention à l'échelle du syndicat d'agglomération nouvelle (SAN) Ouest Provence, qui regroupe six communes depuis 2003 , soit 90 000 habitants environ. « Nous sommes rattachés au service culture du SAN. L'enjeu est de faire rayonner nos activités d'animation par l'envoi d'équipes et de malles de jeux. Mais nous avons déjà travaillé ensemble à l'occasion de la Journée du patrimoine, qui est pour nous un point fort du calendrier », commente Brigitte Martinez.
Professionnalisme « Un peu plus de 60 % des ludothèques sont associatives, mais l'on constate une progression de la "municipalisation", note Cindy Piété, présidente de l'Association des ludothèques françaises [ALF]. Les élus locaux sont de plus en plus convaincus de leur utilité. » Ainsi Morières-lès-Avignon (7 500 habitants, Vaucluse) a-t-elle décidé d'intégrer une ludothèque à sa future maison de la culture et des loisirs, dont Joël Granier, le maire, a posé la première pierre le 20 janvier dernier. « 2 000 mètres carrés seront ouverts aux associations culturelles de la ville, mais aussi au conservatoire de danse d'Avignon, précise-t-il. Après avoir consulté plusieurs ludothèques, nous avons décidé d'en créer une municipale, en ayant bien intégré ce que nous ont dit nos interlocuteurs : la réussite passe par le professionnalisme. » Pour garantir ce professionnalisme, des formations et des diplômes ont été créés, à l'image de la licence professionnelle des métiers du jeu et du jouet, à Cholet (2), du diplôme universitaire de gestion et d'animation de ludothèque, à l'université de Bordeaux 3, ou du brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et des sports, spécialité « animation culturelle ». Enfin, le diplôme de ludothécaire, proposé par Quai des ludes depuis cinq ans, vient de faire son entrée au Répertoire national des certifications professionnelles au niveau bac + 2. Une satisfaction pour cette grande ludothèque associative, devenue un centre ressource incontournable, qui vit à 40 % de subventions et s'autofinance à 60 % par la prestation de services. « D'ores et déjà, nous sommes prévenus de la très probable baisse des financements des caisses d'allocations familiales [CAF], déplore Cécile Davoust, responsable communication et développement. La chasse au financement fait partie du quotidien des neuf salariés de Quai des ludes. »
Nouveaux publics Car comme les crèches et les haltes-garderies, les ludothèques s'inquiètent aujourd'hui de l'impact de la réforme des financements des CAF, entrée en vigueur le 1er juillet dernier (lire La Gazette Santé-Social n° 22). La Caisse nationale des allocations familiales doit en effet ramener de 17 % à 7,5 % l'augmentation annuelle de ses dépenses d'action sociale. Les ludothèques pouvaient auparavant être cofinancées dans le cadre des contrats temps libres, qui ont été fusionnés avec les contrats enfance pour créer le nouveau contrat enfance et jeunesse (CEJ). Celui-ci prévoit l'éligibilité des ludothèques (plafond inchangé de 20 euros par heure). Comme pour les crèches, la priorité est clairement donnée à la fonction d'accueil, au détriment de l'organisation de manifestations, par exemple. « L'opacité des comptes est telle que nous sommes incapables de dire combien de ludothèques sont concernées par ces CEJ, déplore Alice Lucot, déléguée générale de l'ALF. Nous menons actuellement une enquête dans trois régions pour y voir plus clair. » Malgré ces inquiétudes, les ludothèques innovent pour se lancer à la conquête de nouveaux publics, dans et hors leurs murs. Ludobus, malles de jeux, ateliers mémoire, multimedia : les initiatives se multiplient pour séduire les foyers géographiquement isolés, les assistantes maternelles, les familles immigrées, les personnes âgées. A ce titre, deux ludothèques ont été lauréates, en 2006, des prix de la Fondation Fnac éveil et jeux, remis le 15 janvier. La première, membre du réseau Culture et bibliothèques pour tous, la ludothèque associative du Conquet (2 400 habitants, Finistère), seule à de nombreux kilomètres à la ronde, a ainsi décidé d'étendre ses activités aux communes avoisinantes et de sortir de leur isolement les îliens de Molène et Ouessant. Si elle y envoie déjà des malles de jeux par bateau, elle compte aussi y organiser des animations. En s'appuyant sur la belle motivation de ses dix bénévoles, la directrice étant la seule salariée.
Outil d'intégration La seconde, L'Arche aux jouets, gérée à Roubaix (97 000 habitants, Nord) par l'association Les Papillons blancs, propose depuis quelques mois une animation ludique dans les centres de protection maternelle et infantile. Objectif : aider les enfants handicapés à supporter les longues attentes et à s'ouvrir aux autres, mais aussi encourager les enfants valides à partager leurs jeux. Blandine Motte, des Papillons blancs, l'explique : « Le handicap, à l'instar de l'origine sociale ou ethnique, peut aussi être l'objet d'un ostracisme contre lequel il est important de lutter, et le jeu est un bon moyen d'apprendre à vivre ensemble. » OPERATEUR Associations et communes. PARTENAIRES Mairies, CAF, Ddass, Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances, Fondations privées. CONTACTS Association des ludothèques françaises, tél. : 01 43 26 84 62www.alf-ludotheques.org- Retrouvez les coordonnées des ludothèques citées sur www.lagazette-sante-social.com « La stabilité permet de développer des projets » TEMOIGNAGE Sylvie Broc, directrice de la ludothèque de Brive-la-Gaillarde (Corrèze)« Avec plus de 4 000 jeux et 253 familles adhérentes, sans compter les collectivités, crèches, écoles, centres aérés., notre ludothèque municipale est à l'étroit dans ses 150 m2 et la mairie est à la recherche de nouveaux locaux. Depuis vingt et un ans, nous bénéficions de son soutien, sans aléas de financement. Cette stabilité permet aux quatre agents à temps plein - moi-même, éducatrice de jeunes enfants, une auxiliaire de puériculture et deux agents d'entretien et d'animation - de travailler dans la durée et de développer des projets, comme s'ouvrir davantage aux adolescents et aux adultes, tout en bénéficiant régulièrement de formation continue. » Un soutien à la fonction parentale A la demande de l'Association des ludothèques françaises, la sociologue Luce Dupraz a mené une étude sur la place des ludothèques dans le soutien à la fonction parentale (*). Elle a mis en lumière un double paradoxe : celui de « l'organisation » du jeu qui, par définition, est libre, et celui du besoin de soutien à une fonction parentale que l'on peut penser « comme la plus naturelle du monde ». Se penchant sur les dimensions de l'activité ludique et le fonctionnement de la ludothèque, elle souligne l'atout que représente cette dernière dans la vie sociale et les risques qu'elle doit éviter (devenir un relais commercial du marché des jeux ou tenter d'imposer un modèle éducatif). Elle conclut que la ludothèque « offre des conditions favorables pour que l'art d'être parent puisse se déployer » et peut aller « plus loin et plus directement dans le soutien à la fonction parentale ». (*) La Place des ludothèques dans le soutien à la fonction parentale, ALF, 2005. Analyse POINTS FORTS Le dynamisme des associations et leur effet d'entraînement.L'intérêt grandissant des communes. POINTS FAIBLES Les incertitudes sur les financements des caisses d'allocations familiales.Tutelle nationale unique du ministère de la Jeunesse et des sports, alors que les interlocuteurs locaux sont le plus souvent les services « enfance » ou « culture ». C. M. (*) La Place des ludothèques dans le soutien à la fonction parentale, ALF, 2005. | |
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